La prière du voyageur
La distance minimale à partir de laquelle on peut s’estimer comme étant en voyage est de trois jours [de marche] ; on considère pour cela les plus petits jours de l’année, a une allure de marche moyenne et en incluant les temps de repos.
Une « marche moyenne » correspond au pas d’un chameau, ou à la marche à pied en plaine. En montagne l’estimation varie selon la raideur de la pente ; en mer, on considère l’allure d’un bateau pousse par un vent de force moyenne.
Comment écourter la prière ?
Celui qui part en voyage (même s’il voyage en vue de désobéir [à Dieu]) diminue les prières obligatoires de quatre rak’a [à deux rak’a] dès qu’il aura dépassé les maisons de son lieu de résidence, ou l’extrémité (finâ) de sa ville (il peut s’agir de la banlieue attenante à cette-ci), il écourtera ses prières; si l’extrémité de la ville est séparée [de la résidence de celui qui part en voyage] par des champs qui lui sont attenants, ou par une distance de 300 à 400 pas non construite, il n’est plus tenu d’en dépasser l’extrémité [pour commencer à écourter ses prières].
L’extrémité d’une ville est définie ainsi : c’est l’endroit de la cite qui est destiné aux usages d’intérêt commun pour ses habitants, tels que faire galoper les montures et enterrer ses morts. [Dans les cites modernes d’aujourd’hui dans lesquelles ni les circuits automobiles ni les cimetières ne marquent désormais l’extérieur de la ville, cette définition devrait être revue.]
Sous quelles conditions l’intention de voyager est-elle valide ?
Trois conditions sont nécessaires pour que l’intention du voyageur soit valide :
- Qu’il ait un statut indépendant (ou qu’il puisse voyager de son propre chef).
- Qu’il soit pubère.
- Que la durée de son voyage ne soit pas inférieure à trois jours.
Celui qui n’a pas dépassé les habitations de son lieu de résidence ne raccourcit donc pas ses prières, pas plus que l’enfant, ni celui qui [pour voyager] dépend d’une personne qui n’a pas pris !’intention de voyager, ou qui a formulé !’intention de faire un voyage d’une durée inférieure à trois jours ; comme par exemple la femme avec son mari, l’esclave avec son maitre, ou le soldat avec son supérieur.
L’intention de voyager ou de demeurer sur place est prise par celui qui dirige (matbu’) et non par celui qui suit, sauf si ce dernier connait l’intention de son supérieur hiérarchique.
Le statut de la prière de voyage (qasr)
Chez les hanéfites, raccourcir la prière en voyage est une obligation (‘azîma = wajib). Si toutefois un voyageur complète sa prière en priant quatre rak’a [au lieu de deux] et qu’il ait accompli la première station assise [située après la seconde rak’a], sa prière sera valable, mais entachée d’un blâme (karaha): [dans ce cas] les deux premières rak’a lui seront comptées comme obligatoires, et les deux suivantes comme surérogatoires. Si la station assise après la deuxième rak ‘a n’a pas été observée, sa prière n’est pas valable, sauf si en se levant pour effectuer la troisième rak’a, il prend l’intention de redevenir résident (muqim).
Durée de la prière de voyage
Le voyageur raccourcit ses prières jusqu’à ce qu’il soit revenu dans sa ville de résidence, et tant qu’il n’a pas l’intention de séjourner plus de quinze jours en un lieu donne [pays, ville, cite], même s’il y demeure en fin de compte une année complète, sans jamais avoir eu !’intention de s’y installer plus de quinze jours. Quant à celui qui a !’intention de séjourner plus de quinze jours en un lieu donne, il n’est plus considéré comme voyageur.
L’intention de s’établir dans deux villes différentes n’est valable que si l’on a précisé celle dans laquelle on dort régulièrement ; il n’est par contre pas valable de prendre l’intention de s’établir dans un refuge (ou une oasis ?) dans le désert si l’on n’est pas nomade, ni pour nos soldats de s’établir sur un territoire non musulman, ni pour quiconque de s’établir chez soi, lorsque notre lieu de résidence est encerclé par des brigands.
Le voyageur peut-il prendre pour imam un sédentaire et vice versa ?
Un voyageur peut prendre un résident pour imam clans le temps [de la prière en cours] uniquement, et il la prie [avec lui] de quatre rak a. Un résident peut, par contre, suivre un voyageur clans les deux cas. Il est recommandé à l’imam [qui est en voyage] de dire avant de commencer la prière : « Terminez vos prières car je suis en voyage. » Un résident qui complète sa prière, après que son imam en voyage ait termine la sienne, ne lit pas clans la ou les rak’a supplémentaires accomplies [car, clans ce cas, il a toujours le statut de celui qui prie derrière un imam].
Les prières à rattraper
Les prières qui comptent quatre raka en temps normal et qui ont été manquées en cours de voyage sont à rattraper par deux raka, même revenu à résidence, et manquées par un résident, elles doivent être rattrapées, même en cours de voyage, par quatre raka. [Pour déterminer si quelqu’un est voyageur ou sédentaire], on prend en compte la fin de leur temps lors de l’accomplissement des prières en question.
Pays d’origine
Le pays d’origine peut être remplace par une nouvelle résidence. Le lieu de résidence [temporaire] est remplacé par un autre lieu de même nature [résidence temporaire], ou par un départ en voyage ou le retour au pays d’origine.
Le pays d’origine est le lieu de naissance, ou le lieu de son mariage, ou le lieu clans lequel on décide de vivre sans avoir l’intention de le quitter.
Le lieu de résidence [temporaire] est le lieu où l’on a l’intention de s’établir quinze jours ou plus. Les juristes confirmes ne prennent pas en considération l’habitat transitoire (balad al-sukna) qui est l’endroit clans lequel on a l’intention de séjourner moins de quinze jours.