Chapitre : La prière mortuaire
Statut et piliers de la prière mortuaire
La prière mortuaire est une obligation collective (kifâya), c’est-à-dire que si elle est accomplie par une partie de la communauté, l’autre partie en est dégagée.
Ses piliers sont les takbîr et la station debout.
Les conditions de validité de cette prière sont au nombre de six :
- Le défunt doit être musulman.
- Il doit être en état de pureté rituelle.
- La prière doit être dirigée par l’imâm du groupe.
- La présence du corps, ou le cas échéant, de sa majeure partie ou de sa moitié avec la tête est nécessaire.
- Les personnes assistant à la prière ne doivent pas être montés à cheval sans excuse valable.
- Le défunt, quant à lui, doit être à terre ; s’il est sur une monture ou porté par des gens, la prière n’est pas permise à moins d’une excuse valable.
Les sunna de la prière mortuaire
Elles sont au nombre de quatre :
- L’imâm doit se tenir debout à la hauteur du défunt, que celui-ci soit un homme ou une femme.
- Il faut réciter l’invocation qui introduit normalement la prière après le premier takbîr.
- Réciter la prière sur le Prophète – sur lui la grâce et la paix – (il s’agit ici de la prière que l’on récite d’ordinaire au cours du tashahhud) après le second takbîr.
- Faire des invocations en faveur du mort après le troisième takbîr, sans être tenu de réciter aucune invocation particulière. Cependant si l’ont fait les invocations qui nous ont été transmises par le Prophète (ma’thûr) cela est à la fois préférable et plus éloquent. Parmi celles qui nous ont été transmises du Prophète – sur lui la grâce et la paix – voici celle que rapporte ‘Awf b. Mâlik – que Dieu soit satisfait de lui – : « Seigneur pardonne-lui e fais-lui miséricorde, accorde-lui Ton salut et sois indulgent à son égard, gratifie-le d’une place honorable et élargis sa tombe, lave-le à l’eau, à la neige et à la grêle et purifie-le de ses fautes comme on nettoie un vêtement blanc de la saleté. Accorde-lui une demeure meilleure que la sienne, une famille meilleure que la sienne et une épouse meilleure que la sienne. Fais-le entrer au Paradis et protège-le du châtiment de la tombe et du châtiment du feu. » Puis il fera les salutations finales immédiatement après le quatrième takbîr, sans faire d’invocation.
Il ne faut pas élever les mains en faisant les takbîr, sauf pour le premier. Si l’imâm fait un cinquième takbîr, on ne doit pas le suivre mais attendre qu’il fasse les salutations finales.
On ne demande pas pardon pour ceux qui n’ont pas leur raison ni pour les enfants, mais on dit : « Seigneur fais-en pour moi un viatique, une récompense et un intercesseur. »
Ceux qui sont les plus en droit de diriger la prière mortuaire
Celui qui est investi de l’autorité est le plus à même de diriger la prière funéraire ; puis son représentant, puis le juge, puis l’imâm du quartier, puis le tuteur.
Celui qui est en droit de diriger la prière peut également désigner un autre que lui. Et si quelqu’un d’autre que lui a dirigé la prière (sans son consentement), il peut la faire recommencer, s’il le veut, mais ceux qui ont prié avec le premier imâm ne recommencent pas la prière avec lui. Il a plus de droit à la diriger que celui qui a été désigné par le défunt pour la faire. Si quelqu’un est enterré sans que la prière ait été faite, on pourra prier sur sa tombe, même s’il n’a pas été lavé, et tant qu’il n’est pas en état de décomposition.
De plusieurs prières mortuaires en même temps
Si plusieurs morts sont réunis ensemble, il est préférable de faire une prière pour chacun d’entre eux. On commence par le meilleur d’entre eux puis par celui d’un mérite un peu moindre, et ainsi de suite. Il est cependant possible de faire une seule prière pour plusieurs défunts : ceux-ci sont alors placés en rang, les uns derrière les autres face à la qibla, de façon à ce que l’imâm soit à la hauteur de leur poitrine, en respectant l’ordre suivant : les hommes d’abord, puis les enfants, puis les asexués et enfin les femmes. Et s’ils sont tous enterrés dans une seule fosse, on les placera alors dans l’ordre inverse.
(Celui qui arrive en retard pendant la prière) attend que l’imâm prononce un nouveau takbîr pour entrer en prière avec lui, puis il fait les invocations avec lui, puis il rattrape ce qui lui manque avant que le corps ne soit enlevé.
Celui qui était présent lors de l’entrée en prière de l’imâm n’est pas tenu d’attendre un nouveau takbîr pour le rejoindre en prière.
Celui qui arrive après le quatrième takbîr a manqué la prière (il s’agit ici d’une question de mérite), même s’il arrive avant les salutations finales. La prière mortuaire est déconseillée dans une mosquée, que défunt soit dedans, ou qu’il soit dehors alors que certains fidèles sont à l’intérieur. (Les raisons pour lesquelles cela est déconseillé ne sont pas parfaitement claires. Selon certains, ce serait pour éviter de souiller la mosquée par une impureté qui viendrait à couler du cercueil, et cela serait fortement déconseillé. Selon d’autres ce serait pour ne pas destiner la mosquée à une autre utilisation que la sienne et ce ne serait que légèrement déconseillé.)
Le nouveau-né qui donne signe de vie avant de décéder reçoit un nom ; il est lavé et on fait la prière à son intention. Quant à l’enfant mort-né qui n’a pas donné signe de vie, il est seulement lavé, puis enveloppé dans un linge et enterré.
On ne prie pas sur un enfant en captivité avec ses parents que lorsque l’un des deux devient musulman, ou s’il est lui-même musulman, ou s’il est seul (sans ses parents).
Si un mécréant qui vient à mourir à un proche parent musulman, ce dernier le lave comme du linge sale et l’enveloppe dans un tissu quelconque, puis il le met dans la fosse ou le rend aux gens de sa religion.
On ne dirige pas de prière sur un voleur, ni sur un bandit de grand chemin pris en flagrant délit, ni sur un étrangleur qui tue ses victimes par surprise, ni sur un bagarreur opiniâtre tué de nuit, en ville, avec l’arme à la main, ni sur quelqu’un qui a été tué au cours d’une rixe, mais par contre on les lave. On procède aussi à la toilette mortuaire des suicidés et on prie sur eux, mais non sur celui qui a tué volontairement l’un de ses parents.