La période et les actes du Hajj

Période du hajj

La période du pèlerinage s’étend des mois de Shawwâl et Dhû al-Qi’da au dixième jour de Dhû al-Hijja inclus. Dieu — exalté soit-II — a dit : Le pèlerinage [s’effectue pendant] des mois déterminés (Cor. 2, 197), le Prophète — sur lui la grâce et la paix — nous a nommés ces mois et les Compagnons — que Dieu soit satisfait d’eux— nous ont rapporté ses propos.

Il est fortement blâmable (tahrîman) de se mettre en état de consécration avant cette période, même si l’on ne craint pas de transgresser les interdits liés à l’état de consécration.

Les deux « piliers » du pèlerinage

  1. La station de ‘Arafât, ne fût-ce qu’un instant, entre le zénith du 9 de Dhû al-Hijja et l’aube (fajr) du 10, le mieux étant de stationner à ‘Arafât avant que le soleil ne commence à se coucher, et d’y demeurer jusqu’à ce qu’il soit couché.
  2. Le « tawâf de la visite » (tawâfal-ziyâra) ou « tawâf de la redescente » (tawâf al-ifâda). Quatre tours, minimum [sur les sept] peuvent tenir lieu d’un tawâf complet [et consacrer ainsi la validité du rite].

Les rites de moindre obligation (wâjibât) du pèlerinage

Les plus connus sont au nombre de huit :

  1. La station de Muzdalifa, le jour du sacrifice [le 10 de Dhû al-Hijja], ne fût-ce qu’un instant, entre la prière dufajr et l’aurore, c’est-à-dire le moment où la nuit est presque totalement dissipée (peu avant le lever du soleil).
  2. Le parcours entre [les collines] de Safâ et Marwa accompli sept fois, en commençant par Safâ et terminant par Marwa. Ce rite peut être accompli soit après le tawâf d’arrivée (tawâf al-qudûm) soit après le tawâf de la redescente.
  3. La lapidation des stèles les jours du sacrifice [les 10, 11, 12] et les jours du tashrîq [11, 12, 13 de Dhû al-Hijja]. [Le premier jour on lapide uniquement la stèle de la ‘Aqaba puis les trois jours suivants, on lapide les trois stèles ensemble].
  4. Le tawâf de l’adieu [tawâf al-wadâ’ ou tawâf al-sadr], pour les non-Mecquois. Certains juristes de l’école ont soutenu que cela ne constituait qu’une sunna [ce qui est aussi le point de vue de l’Imâm Mâlik].
  5. Se raser ou se couper les cheveux ; selon certains juristes c’est aussi une sunna.
  6. Se mettre en état de consécration aux endroits délimitant le territoire sacré (mîqât) [On peut en effet faire une prise d’ihrâm avant d’y arriver, mais on ne peut les dépasser sans être en état de sacralisation].
  7. Avoir la tête et le visage découverts.
  8. Ne pas revêtir d’habits confectionnés et usuels.

Font également partie de ces rites : le fait de faire durer la station de ‘Arafât jusqu’au coucher du soleil ; de suivre l’imam lors de la redescente, et de ne pas entreprendre celle-ci avant qu’il l’ait entamée ; pour celui qui suit le rite qârin ou mutamatti’, de sacrifier un animal ; de se raser ou de se couper les cheveux dans le territoire sacré, les jours du sacrifice ; de faire précéder la coupe des cheveux par la lapidation des stèles ; pour le qârin ou le mutamatti’,  de sacrifier après la lapidation des stèles et avant le rasage ou la coupe de  cheveux; de faire le tawâf de la redescente pendant les jours du sacrifice ; d’entamer le tour de la Ka’ba en commençant par l’angle de la Pierre noire; d’effectuer la tournée rituelle en passant derrière le muret (hatîm) [qui marque les anciennes fondations de la Ka’ba] ; de marcher pendant la tournée rituelle à moins que l’on ait une raison valable pour ne pas le faire ; d’accomplir les trois derniers tours du tawâfde la redescente (les quatre premiers étant un pilier (rukn) du pèlerinage avec la station de ‘Arafât) ; le fait de ne pas tuer de gibier, ni même de le rabattre ; le fait, pour les femmes, de se voiler ; le fait de retarder le maghrib et le ‘ishâ ‘jusqu’à Muzdalifa.

D’une manière générale, tout rite dont la négligence entraîne un sacrifice expiatoire est considéré comme wâjib.

Les rites coutumiers (sunna) du pèlerinage

L’énumération qui va suivre n’est pas exhaustive : faire les grandes ablutions au moment de la prise d’ihrâm (consécration), fût-ce pour une femme qui a ses règles ou des lochies. Se revêtir d’un pagne et se couvrir les épaules d’un tissu, de préférence blanc et neuf. Se parfumer le corps, mais non les habits [avant la prise d’ihrâm]. Accomplir les deux rava de sunna après la prise d’ihrâm.

Répéter fréquemment la formule de la talbiya en élevant la voix, et ce, après la consécration, les prières canoniques, lors de l’ascension d’une colline, et de la descente dans une vallée, lors de la rencontre d’un autre groupe de pèlerins ainsi qu’à l’aube ; et la répéter chaque fois qu’on l’a entamée. Voici la teneur de cette formule : « Me voici, ô mon Dieu, me voici ! Me voici, Tu n’as pas d’associé, me voici ! Certes la louange, ainsi que les grâces et le royaume T’appartiennent, Tu es sans associé ! » S’appliquer à faire des invocations avec humilité et dans le recueillement ; procéder à la grande ablution avant d’entrer à la Mecque ; y entrer de jour par la porte de Mu’allât ; prononcer des Allahu akbar et des lâ ilâha illa Allâh lorsque l’on se trouve face au temple sacré ; faire les invocations de son choix lors de la vision de la Ka’ba, car celles-ci sont exaucées ; effectuer le tawâf d’arrivée même en dehors de la période du hajj; se découvrir l’épaule pendant les quatre premiers tours ; trottiner [pendant les trois premiers tours] si l’on est tenu de faire le sa’y après le tawâf pendant la période du hajj ; pour les hommes, courir entre les deux bornes vertes du sa’y) ; marcher lentement sur la fin de ce même parcours; multiplier les tawâf, ce qui est préférable en période de hajj pour celui qui vient de l’extérieur ; assister à la khutba le 7ème jour du mois du hajj afin d’écouter les enseignements relatifs au pèlerinage.

Cette khutba unique a lieu après la prière du zuhr et l’imâm y rappelle les rites du hajj ; se rendre de La Mecque à Minâ le jour dit « de l’abreuvement des bêtes » [le 8 du mois] après le lever du soleil afin d’y passer la nuit [ce dernier rite est wâjib chez les Malékites] ; quitter Minâ le 9 après le lever du soleil pour se rendre à ‘Arafât : une fois le soleil au zénith, l’imâm fait deux khutbas entre lesquelles il s’asseoit avant d’accomplir la prière du zuhr et du ‘asr regroupées dans le temps du zuhr; le fait d’accomplir deux rak’a après chaque tawâf; et de redescendre paisiblement de ‘Arafât après le coucher du soleil ; s’établir à Muzdalifa en surplombant la vallée non loin de la montagne de Quzah et y passer la nuit du 9 au 10 ; passer la nuit à Minâ les jours dits « de Minâ » avec tout son équipement : il est même déconseillé de faire précéder ses bagages à La Mecque à ce moment-là ; se placer à la droite de Minâ et à la gauche de La Mecque lors de la lapidation des stèles ; accomplir la lapidation du premier jour entre le lever du soleil et le zénith, et entre le zénith et le coucher du soleil les jours suivants (il est déconseillé en revanche d’accomplir les lapidations du premier et du quatrième jour entre l’aube (fajr) et le lever du soleil ; de même qu’il est déconseillé de lapider les stèles pendant les trois nuits du 11, 12 et 13 de Dhu al-Hijja même si le rite reste valable puisque les nuits font partie intégrante de la journée qui suit, sauf pour ce qui est de la nuit de ‘Arafât. Il est licite de procéder à la lapidation entre le zénith et le coucher du soleil après le premier jour ; sacrifier une bête pour celui qui se consacre pour le hajj sans la ‘umra (mufrid) ; consommer la chair des bêtes sacrifiées en vue d’un hajj ou d’une ‘umra quel que soit le type de hajj (mufrid, qirân, mut’a), mais non celle des bêtes sacrifiées en vue d’une réparation (jinâya). Est également de sunna la khutba du jour du sacrifice au cours de laquelle l’orateur enseigne, tout comme dans les précédentes, les ultimes rites du hajj ; s’empresser de quitter Minâ le 12, avant le coucher du soleil, [pour celui qui ne veut pas rester jusqu’au 13]. Si toutefois le pèlerin était encore là à l’aube du 13, il devra faire la lapidation due à ce jour ; s’établir à al-Muhassab, ne serait-ce qu’une heure, après avoir quitté Minâ.

Boire de l’eau de Zamzam en quantité, en se tenant debout, face à la Ka’ba et en la regardant ; s’en verser sur la tête et sur le reste du corps, sachant que sa vertu opère selon le vœu formulé au moment où elle est bue, que ce vœu concerne les affaires de ce monde ou de l’Autre ; il convient également de coller sa poitrine et son visage contre le Multazam [partie comprise entre l’angle de la Pierre noire et la porte de la Ka’ba] ; et de s’accrocher un long moment au voile de la Ka’ba en faisant les invocations de son choix ; la sunna veut aussi que l’on embrasse les linteaux de la porte et qu’on entre dans la Ka’ba en respectant les convenances du lieu et en la vénérant ; puis on sortira de La Mecque par la porte de Sabîka avec l’intention de rendre une visite au Prophète — sur lui la grâce et la paix — et à ses Compagnons — que Dieu soit satisfait d’eux.

Ces rites concernent la femme au même titre que l’homme à ceci près qu’elle doit se couvrir le visage lorsqu’elle passe devant des hommes et évite d’élever la voix en prononçant la talbiyya. Elle ne court pas lors des différents tawâf pas plus qu’entre les deux bornes vertes du sa’y, et ne se rase pas la tête, se contentant de raccourcir ses cheveux. Si la femme a ses règles lors de la prise de consécration (ihrâm), elle procède à la grande ablution et se sacralise tout de même, puis elle accomplit tous les rites à l’exception des tournées rituelles (tawâf autour de la Ka’ba, pour lesquelles elle attendra de s’être purifiée. Si ses règles surviennent après la station de ‘Arafât et la redescente, elle pourra repartir de La Mecque sans avoir fait le tawâf dit de « l’adieu » et ne sera redevable de rien. [Toutefois, ce point de vue qui est le plus souple est en contradiction avec une autre fatwâ selon laquelle la femme est, dans ce cas, tenue de sacrifier une brebis.]

Signification du mot ihrâm

L’ihrâm, ou consécration, signifie que l’on s’interdit (ahrama nafsihi) certaines choses déterminées [qui sont licites en dehors du hajj]. Cette consécration est effective quand :

  1. On fait l’intention d’accomplir un rite déterminé, à savoir le hajj ou la umra.
  2. On formule la talbiya en même temps que l’on prendcette intention.

Les limites du territoire sacré (mîqât)

Ce sont les différents lieux délimitant le territoire sacré (hill dans lequel se situe également l’enceinte sacrée (haram) ; le pèlerin qui accomplit le hajj ou une ‘umra ne peut pas les franchir sans être en état de sacralisation. Ces endroits sont :

– AI-Juhfa, pour les gens qui viennent de Syrie (Shâm) et d’Egypte ou pour ceux qui passent par ces pays.

– Dhû al-Hulayfa, pour les gens de Médine et pour ceux qui y passent.

– Dhât ‘Irq, pour les gens de l’Iraq ainsi que pour ceux qui passent par ce pays.

– Qarn al-Nâzil, pour les gens du Nejd ainsi que pour ceux qui passent par cette région.

– Yalamlam, pour les gens du Yémen ainsi que pour ceux qui passent par ce pays.

Il est permis au pèlerin de se mettre en état de sacralisation avant d’atteindre ces endroits ; cela est même préférable pour ceux qui ne craignent pas de transgresser les interdits qui résultent de la prise d’ ihrâm.

Il n’est pas permis aux gens habitant en dehors du hill et qui désirent se rendre à La Mecque (pour un pèlerinage ou pour des raisons profanes) de pénétrer dans le territoire sacré en différant leur sacralisation. Toutefois si quelqu’un d ‘extérieur désire seulement se rendre dans le territoire sacré (hill), à Jedda ou à Khalîs par exemple, sans pénétrer dans l’enceinte sacrée proprement dite (haram), il peut y entrer sans ihrâm. Une fois établi dans le hill, il acquiert un statut comparable à celui de ses habitants : il peut donc se rendre à La Mecque sans ihrâm, à moins que désirant accomplir le hajj il fasse, comme eux, l’ihrâm à partir du hill. Quant à celui qui se trouve à La Mecque, il fera l’ihrâm à partir de la ville s’il désire accomplir le hajj, mais devra par contre [sortir du haram et] se rendre dans le hill pour se mettre en état de sacralisation en vue d’une cumra. Celui qui, venant de l’extérieur, dépasse les limites du hill sans s’être consacré doit sacrifier une brebis, sauf s’il revient aux limites de ce territoire avant d’avoir accompli les tournées rituelles (tawâf) et qu’il se mette alors en état de consécration ; et s’il y revenait après s’être acquitté des tournées rituelles, il n’en serait pas moins tenu de sacrifier une brebis. Enfin, il est déconseillé à celui qui n’a pas déjà fait le pèlerinage de le faire pour un tiers.

L’accomplissement du pèlerinage

Celui qui désire accomplir le pèlerinage doit procéder comme suit :

– Se couper les ongles et se tailler les moustaches, se raser ou se raccourcir les cheveux.

– Faire les petites ou les grandes ablutions, les grandes étant préférables.

– Se revêtir des deux habits du pèlerin, le pagne et le tissu recouvrant les épaules, neufs et blancs de préférence, ou au moins lavés.

– Se parfumer s’il a du parfum à sa disposition. Tout ceci doit être fait avant la prise d’ihrâm.

Puis il convient de prier deux rak’a avant de formuler l’intention : « Mon Dieu, j’ai l’intention de faire le pèlerinage, accepte-le et facilite-le-moi. » Puis on prononce la « talbiya’ après la prière : « Me voici, ô mon Dieu, me voici ; me voici, Tu n’as point d’associé, me voici. Certes la louange, les faveurs et le royaume Te reviennent (ou : T’appartiennent), Tu n’as pas d’associé. »

– Il est recommandé de faire une prière sur le Prophète après la talbiya et de la faire suivre des invocations de son choix.

Si l’on fait l’intention en son cœur tout en prononçant la talbiya, l’état de sacralisation est effectif.

Une fois « sacralisé » il est interdit au pèlerin :

– De dire des obscénités, d’avoir un comportement pervers, d’entamer de vaines discussions.

– De tuer du gibier sur terre comme en mer.

– De se vêtir d’habits usuels, [tels que pantalon ou chemise, turban, khuff, etc].

– De se couvrir la tête, de se parfumer, de se couper les cheveux, les poils et les ongles.

Il lui est par contre permis :

– De se laver, d’entrer au hammâm.

– De se mettre à l’ombre de la Ka’ba ou d’un palanquin.

– De mettre une ceinture autour de la taille afin d’y cacher son argent.

Il lui est recommandé de multiplier les talbiya lorsqu’il gravit une colline, qu’il descend dans une vallée, qu’il rencontre un groupe de pèlerins ainsi qu’à l’aube.

Lorsqu’il entre à La Mecque, le pèlerin commence par se diriger vers la mosquée et lorsqu’il voit la Ka’ba pour la première fois il prononce des takbîrs et des lâ ilâha illu Allâh. Il entame alors les tournées rituelles (tawâf) en commençant par la Pierre noire, à laquelle il fait face en répétant Allâhu akbar et en levant ses mains comme pour la prière. S’il est en mesure de le faire, il embrasse la Pierre noire, ou la touche, en veillant dans tous les cas à ne jamais faire de mal à un musulman ; si ce n’est pas possible, il se contente de faire un signe de la main en sa direction. Puis il poursuit le tawâf sur la droite de la porte en prenant soin de garder la poitrine dirigée vers la Ka’ba après avoir découvert son épaule droite (idtibâ) [pour les quatre premiers tours]. Il doit faire sept tours en prenant bien soin de passer derrière le petit muret (hatîm) [qui marque les anciennes dimensions de la Ka’ba] ; les trois premiers tours sont accomplis en courant à petits pas et les quatre derniers en marchant. S’il est en mesure de le faire, il embrassera la Pierre noire chaque fois qu’il passe devant elle, et il termine le tawâfen l’embrassant [ou en embrassant sa main après l’avoir tendue en direction de la Pierre, s’il ne peut l’embrasser directement]. Tel est le tawâf d’arrivée, qui est considéré comme une sunna par les hanafites.

Puis il fait deux rak’a à la station (maqâm) d’Abraham ou bien, si cela est impossible, dans l’enceinte de la mosquée.

Ensuite il se dirige vers la colline de Safâ qu’il gravit, puis faisant face à la Ka’ba, il lance des Allâhu akbar et des lâ ilâha illaAllâh, invoque son Seigneur et se dirige vers la colline de Marwa en marchant doucement ; parvenu au cceur de la vallée, il se met à courir entre les deux bornes vertes [suspendues pour cette occasion] et termine en marchant lentement vers Marwa qu’il gravit en y répétant les gestes accomplis à Safâ ; ceci constitue un parcours et il lui faudra en faire sept identiques en terminant par Marwa.

Le pélerin reste en état de consécration, faisant autant de tawâf que bon lui semble. Le sept, après le zuhr, l’imam fait un prône dans lequel il enseigne les rites du pèlerinage. Après avoir prié lefajr du jour de la tarwiya, le 8 du mois de Dhû al-Hijja, il se dirige après le lever du soleil vers Minâ, où il passera la nuit pour y prier le fajr du 9.

Après quoi, il se dirige vers ‘Arafât, et s’y établit ne fût-ce qu’un instant entre le zénith et le coucher du soleil, si possible non loin de la montagne de la Miséricorde (jabal al-Rahma). Passé le zuhr, il assiste au prône de l’imâm qui priera devant les pèlerins le zuhr et le ‘asr dans le temps du zuhr avec un seul appel à la prière mais deux iqâma. Puis il demeure à ‘Arafât jusqu’au coucher du soleil, étant entendu que toute la colline est considérée comme la station de ‘Arafât à l’exception de la vallée de ‘Urana. A cette occasion, il est recommandé à l’imâm de faire des invocations en faveur des pèlerins et de leur enseigner les rites du pèlerinage. Une fois le soleil couché, l’imâm, suivi des pélerins, se dirige lentement vers Muzdalifa pour y passer la nuit, à proximité de la montagne de Quzah.

Puis il dirige les prières du maghreb et du ‘ishâ’ dans le temps du ‘ishâ’ avec un appel à la prière et un seul iqâma. [Le 10 de Dhû al-Hijja, le jour du sacrifice], il prie le fajr alors que la pénombre n’est pas encore dissipée, et l’imâm ainsi que les pèlerins demeurent à Muzdalifa, ne fût-ce qu’un instant, en faisant des invocations ; toute la plaine de Muzdalifa peut être considérée comme faisant partie de la station de Muzdalifa, à l’exception de la vallée de Muhassar.

Les pèlerins se dirigent ensuite vers Minâ avant le lever du soleil et lapident la stèle de la ‘Aqaba de sept pierres de la dimension d’un pois chiche en lançant un takbîr à chaque jet de pierre. Dès le premier lancer de pierres, ils cessent de répéter la talbiyya.

Il peut alors égorger une brebis s’il le désire [Le qârin et la mutmatti’ sont, eux, obligés de le faire comme nous allons le voir plus loin]. Ensuite il se coupe les cheveux ou il se rase la tête, le mieux étant de se raser. Une fois cela accompli, tout ce qui lui était temporairement interdit redevient licite, à l’exclusion des rapports conjugaux. Le jour même, le lendemain ou le surlendemain [s’il n’est pas en mesure de le faire le jour même], il redescend à La Mecque pour s’acquitter du tawâf de la visite [tawâf al-ziyâral connu aussi sous le nom de tawâf de la redescente [tawâf al-ifâda]. Ce tawâf est le deuxième pilier du pèlerinage et il est fortement déconseillé de le retarder au-delà des trois jours du sacrifice [les 10, 11 et 12 du mois de Dhâ al-Hijja], sauf si l’on a une raison valable ; tout retard entraînerait un sacrifice expiatoire. Et s’il avait déjà accompli le parcours compris entre Safâ et Marwa après le tawâf d’arrivée à La Mecque, il serait alors dispensé de courrir à petit pas pendant le tatvâfde la redescente. Une fois celui-ci terminé, les rapports conjugaux redeviennent licites.

Ensuite, il retourne à Minâ pour y passer la nuit [du 10 au 11]. Le 11, qui est le deuxième jour du sacrifice, lorsque le soleil commence à décliner [c’est- à-dire après le zénith], il lapide chacune des trois stèles de sept pierres en prononçant des takbîr : il commence par la stèle la plus proche de la mosquée, et termine par la stèle de ‘Aqaba. Il fera des invocations en marquant un temps d’arrêt auprès des deux premières stèles, mais non auprès de celle de la ‘Aqaba.  Le 12, il effectue le même rite que le 11 et s’il veut se dépêcher de partir, il est en droit désormais de regagner La Mecque, mais s’il veut rester encore à Mina, il devra à nouveau lapider les trois stèles le 13 après le déclin du soleil.

En revenant à La Mecque, le pélerin s’établit à al-Muhassab, ne serait-ce qu’une heure. Puis il fait le tawâf de l’adieu (tawâf al-wadâ) également connu sous le nom de tawâf al-sadr, qui est de sept tours effectués sans courir. Ce tawâf est obligatoire (wâjib) pour les étrangers à La Mecque, [mais il n’est qu’une sunna selon l’Imâm Mâlik] ; puis il le fait suivre de deux rak’a.

Puis il se rend, si possible, au puits de zamzam et y puise de l’eau pour la boire. Il se rend ensuite à la porte de la Ka’ba dont il embrassera les linteaux, puis il plaque le ventre et la joue droite sur le Multazam [situé entre la porte de la Ka’ba et la Pierre noire]. Il se suspend ensuite aux voiles de la Ka’ba en se montrant insistant dans ses invocations et si possible en pleurant. Il sort enfin de la mosquée sans tourner le dos à la Ka ‘ba jusqu’à ce qu’il soit dehors.

Il pourra, s’il le désire, conclure sa visite par cette invocation : « Mon Dieu, de la même manière que Tu m’as fait la faveur de me guider, fais-moi celle d’accepter mon pèlerinage. Fais en sorte que ma visite à Ta demeure sacrée ne soit pas la dernière et accorde-moi d’y revenir jusqu’à ce que Tu sois satisfait de moi par un effet de Ta Miséricorde, ô Toi le Miséricordieux entre les miséricordieux. « 

La femme accomplit les mêmes rites que l’homme si ce n’est qu’elle ne se découvre pas la tête, mais seulement le visage [à moins qu’elle ne rencontre des hommes] et porte ses habits usuels. Elle n’élève pas la voix en prononçant la talbiyya, ne court pas autour de la Ka’ba, ni entre Safâ et Marwa, et ne cherche pas à toucher la Pierre noire si des hommes l’entourent. Elle ne se rase pas la tête, mais se coupe simplement les cheveux. Si au moment de se mettre en état de consécration elle a ses règles, elle fait quand même l’ihrâm mais sans faire le tawâf. Si ses règles surviennent après la station de ‘Arafat et du tawâf de la visite, elle peut rentrer chez elle sans avoir à s’acquitter d’une expiation même si elle n’a pas accompli le dernier tawâf, le tawâf d’adieu.